Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/43

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gent, et qui avait beaucoup contribué à nous faire restituer la terre en entier, et sans retenue au profit du fisc.

M. Lemonnier, dont j’aurai peut-être occasion de dire quelques mots un peu plus tard, avait, dit-on, dans sa jeunesse appartenu à je ne sais quel ordre du clergé régulier ; mais c’est un point qui n’a jamais été bien éclairci, et sur lequel je conserve des doutes.

Le second événement, l’événement public, ce fut le 18 fructidor, suivi bientôt après de la loi des otages, de l’emprunt forcé, et de la proposition d’expulser tous les ci-devant nobles du territoire français.

Nous vîmes passer aux Ormes les députés fructidorisés, transportés comme des malfaiteurs, dans des voitures grillées, vers le port où ils devaient être embarqués. Ils s’arrêtèrent, ou plutôt le commissaire qui les conduisait, et dont les instructions, à leur égard, sont restées fort suspectes, les fit arrêter devant l’avenue du château ; on alla chercher à l’auberge le frugal repas qui leur avait été préparé. Il ne leur fut point permis de descendre. de voiture.

Nous allâmes, ma mère, mes sœurs et moi,