Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/5

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AVIS DE L’ÉDITEUR.

C’est pourtant parce que le récit s’arrête à cette date, qui nous paraît aujourd’hui très éloignée, qu’il m’a semblé possible de le livrer dès à présent à la publicité. S’il avait fallu toucher de plus près aux événements contemporains, j’aurais craint de réveiller des passions encore vivantes ou de blesser par des révélations indiscrètes des sentiments respectables. Après un demi-siècle écoulé, la postérité commence, et aucun ménagement ne commande plus de laisser dans l’ombre ce qui peut éclairer le jugement de l’histoire.

Cette impartialité du jugement historique, mon père, on le verra, en a donné l’exemple en se l’appliquant à lui-même. C’est lui qui se montre, en effet, très empressé à reconnaître d’abord l’entraînement de jeunesse qui lui avait fait adopter, à l’entrée de sa carrière politique, des théories d’un libéralisme irréfléchi dont il a bientôt reconnu l’excès. Puis, une fois rallié aux doctrines monarchiques et constitutionnelles qui ont été la foi politique du reste de sa vie, il qualifie sans ménagement les fautes de conduite que lui ont fait commettre l’inexpérience et l’ardeur des luttes parlementaires.