Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/6

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AVIS DE L’ÉDITEUR.

Il est souvent plus sévère pour lui-même que pour autrui, et pour ses amis que pour ses adversaires. Je m’attends que la liberté d’appréciation dont il invite ainsi ses lecteurs à faire usage, plusieurs en profiteront dans des sens divers. Quelques-uns regretteront qu’il ne soit pas resté plus fidèle aux illusions de son premier âge d’autres penseront que les faits douloureux dont nous sommes témoins depuis qu’il a cessé de vivre auraient modifié ses opinions dans une plus large mesure encore, en contristant bien des espérances généreuses qui lui sont restées toujours chères. Ce sont des points que je n’ai pas eu à examiner. Un devoir plus simple m’était imposé. S’il m’est arrivé, en effet, plus d’une fois, du vivant de mon père, dans l’intimité où nous vivions, de discuter avec lui et de le contredire, il est clair que je ne pouvais me permettre de rien retrancher du dépôt précieux qu’il nous avait laissé, et surtout que je ne pouvais avoir la présomption de rien rectifier. Avant tout, il fallait conserver à ces souvenirs le caractère de sincérité parfaite qui en est le trait le plus touchant. La moindre altération du texte