Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/72

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sultan, et l’aidaient à prendre en patience encore pendant quelque temps la vieillesse plâtrée de la sultane émérite. Il paraît néanmoins qu’entre le couple impérial, le marché n’était pas sans conditions car, peu de jours après, nous vîmes repasser tout éplorée l’une de ces odalisques, et les curieux apprirent du valet qui l’accompagnait qu’elle venait d’être chassée pour avoir pris de trop grands airs.

Personne, en ce moment, ne voyait clair dans les événements d’Espagne. On ignorait plus ou moins ce qui se brassait à Bayonne, et j’incline à croire, pour l’honneur de la nature humaine, que l’empereur lui-même y allait un peu en aveugle. Il avait, à coup sûr, préparé le guet-apens ; mais peut-être n’avait-il pas exactement prévu ce qu’il lui faudrait de prépotence, de noirceur et de perfidie pour en venir à ses fins.

Nous en vîmes bientôt de nos yeux l’un des plus tristes fruits.

Un matin, M. d’Argenson fut averti par un courrier impérial que, le lendemain, le roi d’Espagne, la reine et le prince de la Paix, passeraient la journée aux Ormes. Ils étaient expédiés, c’est le mot propre, de Bayonne à Fontainebleau, sous la