Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

séminaires avait inspiré quelque inquiétude à l’empereur. Il avait fait convoquer le conseil de l’Université au conseil d’État ; tout annonçait de l’orage. L’empereur entra, comme à son ordinaire, vers une heure et demie. Voyant M. de Fontanes, et les conseillers de l’Université placés au même rang que les conseillers d’État, il en manifesta beaucoup d’humeur et traita très brutalement M. de Ségur, conseiller d’État lui-même, et grand maître des cérémonies. Il fit évacuer par les maîtres des requêtes, la place qu’ils occupaient au bout de la salle, en face de son bureau. Les conseillers de l’Université furent installés à la place des maîtres de requêtes, et ceux-ci relégués au rang des auditeurs. Alors la séance commença.

L’empereur adressa quelques questions à M. de Fontanes, d’un ton qui annonçait un mécontentement très prononcé. Il parut néanmoins écouter attentivement les réponses ; mais bientôt après il éclata. Il parla près de trois heures, sans être interrompu par personne, sur les prétentions et les empiétements du clergé ; il s’exprima contre lui en termes très injurieux, et qui consternaient plutôt qu’ils ne satisfaisaient le conseil, quelque peu dévote que fût, en général, la disposition intérieure