Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ses membres ; il nous répéta jusqu’à satiété cette phrase : Vous vivez sous le règne de Charlemagne et non sous celui de Louis le Débonnaire ; puis vers la fin de sa triste harangue, se tournant vers les auditeurs, il leur dit en propres termes : Vous verrez, vous verrez, jeunes gens ; ce qui vous arrivera, quand vous aurez un empereur qui ira à confesse.

S’il se proposait de faire effet sur nous, l’effet fut manqué, du moins sur moi. La grossièreté me parut naturelle, et la colère simulée. Je crois qu’en général l’impression fut la même sur tous les assistants, bien que la plupart fissent effort pour s’exciter en sens contraire. Je crois même que ce fut le scandale produit à petit bruit par cette explosion de brutalité qui détermina une mesure dont les nouveaux auditeurs furent victimes : on sépara la dernière nomination des nominations précédentes ; nous ne fûmes plus admis aux séances présidées par l’empereur, apparemment parce qu’on ne nous jugea pas assez aguerris dans notre impérialisme. Il fut décidé qu’à l’avenir l’admission à ces séances deviendrait une récompense, et, chaque fois que l’empereur arrivait, on faisait sortir les auditeurs de la dernière nomination. Bientôt après, d’ail-