Page:Broglie - Souvenirs, 1818-1827.djvu/131

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envoyée que je rentrai en moi-même, et ne balançai pas à témoigner pour M. Decazes un très vif et très sincère intérêt.

La lutte entre le roi et la famille royale, durant les cinq ou six jours qui suivirent le 15 février, les efforts du roi pour conserver son ministre favori, ceux du parti royaliste pour le lui arracher, les transports de rage de ce parti, l’attitude menaçante de la cour, la résistance digne et courageuse de M. Decazes sont racontés partout, et partout à peu près exactement, sauf l’anecdote insérée par M. Vaulabelle au quatrième volume de son ouvrage. Je n’ai jamais entendu dire à personne que M. de Vitrolles eut, le lendemain de l’assassinat, forcé la porte de M. le comte d’Artois, pour lui proposer d’épouser la reine d’Étrurie, et d’adopter le fils de cette princesse, au préjudice de la branche d’Orléans ; c’est un de ces radotages dont on amuse la crédulité des partis.

Cette agonie politique après l’agonie véritable, ce combat d’influence sur un cadavre, entre la tendresse maladive d’un pauvre roi infirme, et l’ascendant d’un héritier présomptif, tenant en main la chemise sanglante de son fils, ne pouvait durer bien longtemps. Louis XVIII abdiqua, en congé-