Page:Broglie - Souvenirs, 1818-1827.djvu/132

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diant son enfant chéri, invitus invitum, sans cesser de lui écrire trois billets doux par jour. M. de Richelieu redevint président du conseil, invitus invitum ; il s’y laissa hisser par les épaules, sur la foi de promesses que M. le comte d’Artois ne pouvait tenir, supposé qu’il en eût l’intention. Le vieux Siméon, flanqué de M. Meunier comme directeur de la police, et de M. Capelle comme successeur de M. Guizot à la direction des communes, prit, dans la dépouille de M. Decazes, le ministère de l’intérieur. M. Mounier était l’ami de cœur et l’homme de confiance de M. de Richelieu ; M. Capelle le valet, l’homme à tout faire de M. le comte d’Artois ; M. Pasquier conserva les affaires étrangères, et le reste des ministres, le reste du ministère.

Tout cela ne payait pas autrement de mine ; c’était un ministère plutôt toléré qu’accueilli ; l’extrême violence des partis extrêmes lui formait un parti intermédiaire, plus apparent que réel, et dont l’appréhension commune était le lien, chacun, bien entendu, faisant ses réserves et conservant la liberté de son langage.

Je lis dans le journal déjà cité :

« Le cri général est qu’il faut soutenir le ministère de peur des ultras ; quant à la liberté, personne