Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/14

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ne le reconnais à aucun homme en particulier, parce que les hommes ont été placés sur cette terre par le Créateur, non pour se passer leurs fantaisies, mais pour obéir aux lois éternelles de la justice et de la vérité, pour se conduire en êtres moraux et raisonnables, pour tenir leurs engagements quand ils en ont pris, pour garder leurs serments quand ils en ont prêté. Les engagements des peuples envers les gouvernements ne sont pas moins sacrés pour moi que ceux des gouvernements envers les peuples, et le régime du bon plaisir ne me paraît ni moins insolent ni moins abject sur la place publique que dans le palais des rois.

Ces sentiments ont toujours été les miens, et toujours, comme on l’a pu voir, durant le cours de ma vie publique, je les ai pris pour règle de ma conduite.

J’étais trop jeune en 1792 pour déplorer, à bon escient, la chute de la monarchie et l’avènement de l’anarchie. En 1814, parvenu à l’âge de discrétion, je n’ai point appelé de mes vœux le retour de la maison de Bourbon quelque juste aversion que m’inspirât le régime impérial, l’invasion de la France m’était encore plus odieuse ; mais cette in-