Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/15

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vasion, je ne l’imputais point à d’autres que son auteur véritable, et je n’en rendais point responsables des princes dont l’intervention s’est trouvée, après tout, utile au pays. À plus forte raison, n’ai-je point trempé dans le crime des Cent-Jours, et j’ai détesté la seconde invasion plus encore, s’il se peut, que la première. La maison de Bourbon se trouvant enfin rétablie, Dieu sait sous quels auspices et à quel prix, ma conduite, envers elle, a toujours été loyale, j’en suis sûr, et sensée, je l’espère, également éloignée de l’optimisme des royalistes de profession, et du pessimisme de leurs adversaires. J’ai compté, tour à tour, et même à plusieurs reprises, soit dans les rangs de l’opposition, soit dans ceux du ministère ; en opposition, je n’ai rien demandé qui ne me semblât bon en soi, et possible au moment donné ; ministériel, je n’ai rien demandé pour moi-même, ni rien reçu à titre de faveur. Jusqu’en 1828, j’étais le seul de la Chambre des pairs sur qui la croix de la Légion d’honneur ne fût pas même tombée des nues, c’est-à-dire dans une promotion générale et pêle-mêle. Je me suis toujours tenu à distance et hors de portée de la cour, n’ayant nul goût pour cette saveur d’ancien régime dont la Restauration se trouvait nécessai-