Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/23

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par escalade, la garde royale menée tambour battant jusque vers la Seine ; je dis la foule, car il serait impossible de citer un nom propre, de désigner une tête qui se soit élevée d’un pouce au-dessus de toutes les autres. Ce fut une victoire anonyme, mais complète, le drapeau de la résistance ayant remplacé sur les Tuileries celui de l’agression, le petit nombre de députés qui se trouvaient à Paris n’étant intervenus que pour solliciter inutilement du gouvernement agresseur un armistice, et pour nommer une commission municipale uniquement chargée de pourvoir à l’approvisionnement de la capitale et au maintien de l’ordre intérieur, là où faire se pouvait.

À Paris, la révolution était achevée ; elle le fut sur-le-champ par toute la France ; ce fut comme une série de contre-coup électriques, et partout sous les mêmes conditions de légalité défensive, partout sans chefs, sans direction, sans préparatifs, partout à peu près sans obstacles.

La révolution, dis-je, était achevée ; elle l’était, dans les termes stricts du droit. Charles X avait violé son serment, il nous avait relevé du nôtre ; il avait attaqué le pays à main armée, il avait été vaincu, il n’avait plus pour lui ni le droit ni la force. Le