Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

core plutôt que comme le prélude d’un prochain avenir, sans regarder de trop près au prix des bons offices que nous rendait, en cela, la popularité de M. de la Fayette et de M. Dupont (de l’Eure), nous cheminions, pas à pas, d’écueil en écueil. Nous n’apprîmes pas sans quelque consternation, qu’à la clameur publique, plusieurs des ministres fugitifs avaient été saisis et mis sous bonne garde, M. de Polignac à Granville, au moment où il s’embarquait, MM. Peyronnet, Chantelauze et Guernon-Ranville dans les environs de Tours. Il va sans dire, qu’à nos risques et périls nous eussions bien voulu l’éviter. Mais, la chose étant faite, le crime était trop flagrant, le sang versé encore trop chaud, et l’indignation trop universelle pour qu’il nous fût possible de fermer les yeux sur une telle capture sans prendre leur fait et cause et devenir leurs complices : d’autant que le même jour, 13 août, M. Eusèbe Salverte avait déposé sur le bureau de la Chambre des députés une proposition de mise en accusation, tandis que M. de Tracy, avec des intentions plus humaines, plus généreuses, mais analogues quant au fond, y déposait la proposition d’abolir la peine capitale.

Les prisonniers furent transférés à Vincennes