Page:Brongniart - Plans du Palais de la Bourse de Paris et du cimetière Mont-Louis.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chère, et dont les seuls désirs sont pour nous des ordres, l’insuffisance des moyens ne doit pas nous arrêter, et nous ne devons rien négliger pour faire connoître dans toute leur pureté ceux de ses travaux qui peuvent ajouter à sa réputation.

Le Palais de la Bourse et l’arrangement du cimetière Mont-Louis, dont M. Brongniart avoit été chargé vers la fin de sa carrière, étoient, par leur importance, plus propres qu’aucun des autres travaux de cet architecte, à faire apprécier l’étendue de son talent dans les trois genres qui constituent l’architecture. Mais le temps, toujours très-long, qui est nécessaire pour l’exécution de pareils travaux, quelque activité qu’on leur donne, est une des chances les plus hasardeuses qu’un architecte ait à courir. Il y a si peu de grands monuments qui aient été commencés et finis par le même architecte[1] ! M. Brongniart étoit déjà avancé en âge : ce que sa famille, ce que ses amis redoutoient le plus, ce que les amis des arts voyent toujours avec peine, est malheureusement arrivé ; il nous a été enlevé avant d’avoir pu terminer ce monument.

Il est vrai que la disposition générale en étoit arrêtée depuis long-temps, que presque tous les détails de décoration et de construction avoient été établis sur des dessins nombreux ; qu’enfin M. Brongniart y avoit fait tout ce qui dépendoit de sa seule volonté ; le monument avoit même été amené au point de pouvoir déjà donner au public une assez juste idée de son ordonnance générale. Cependant il reste encore beaucoup à faire sous le rapport de l’exécution. Nous n’avons pas la crainte que des changements considérables viennent dénaturer le travail de M. Brongniart : l’opinion honorable que la plupart des artistes ont émise lorsque les plans et le modèle du Palais de la Bourse ont été soumis à l’examen du public, l’approbation constante que le Ministère et les personnes chargées de la direction des travaux publics, ont donnée, non-seulement à l’ensemble, mais encore à la plupart des détails ; enfin la sagesse et les lumières de l’Architecte chargé de continuer ce monument, nous donnent la certitude que les plans et les dessins de M. Brongniart seront suivis dans tout ce qu’ils ont d’important et de caractéristique.

Si des motifs de convenance ou d’autres circonstances qu’on n’a pu prévoir, forçoient d’y apporter quelques modifications, nous ne doutons

  1. Saint-Pierre de Rome a été cent quarante-cinq ans à bâtir, et douze architectes en ont successivement dirigé les travaux. Wren, architecte de Saint-Paul de Londres, est cité comme ayant joui d’un rare bonheur, pour avoir construit cette basilique à lui seul et sous un seul évêque, par conséquent, avec toute l’unité de volonté qu’on puisse désirer. Il en a constamment dirigé les travaux pendant trente-cinq ans.