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CHAPITRE XXV.


Deux mois après, Frances avait fini de porter le deuil de sa tante. Le matin du premier janvier, je me rendis en fiacre avec M. Yandenhuten à la rue Notre-Dame-aux-Neiges, et, laissant mon compagnon dans la voiture, je montai vivement l’escalier. Frances m’attendait, vêtue d’une façon peu en rapport avec le froid sec d’une matinée d’hiver. Je l’avais toujours vue jusqu’à présent habillée de noir ou d’une étoffe de couleur sombre, et je la trouvais auprès de la fenêtre, portant une robe blanche d’un tissu diaphane. Rien n’était plus simple que sa toilette, et cependant ces plis nombreux et transparents qui flottaient autour d’elle, ce voile qui lui descendait jusqu’aux pieds, et que retenait dans ses cheveux une petite guirlande de fleurs blanches, avaient une élégance à la fois gracieuse et imposante. Chose singulière à dire, elle avait pleuré, et, lorsque je lui demandai si elle était prête, elle étouffa un sanglot en me répondant : « Oui, monsieur. » Je pris un châle qui se trouvait sur la table, je le plaçai sur ses épaules, et non-seulement ses larmes recommencèrent, mais encore elle trembla comme la feuille, en écoutant mes paroles. Je lui dis que j’étais désolé de sa tristesse, je la suppliai de m’en faire connaître le motif ; elle ne me répondit que ces mots : « Je ne peux pas m’en empêcher. » Puis, mettant sa main dans la mienne par un mouvement précipité, elle sortit de la chambre avec moi, et descendit l’escalier d’un pas rapide et mal assuré, comme une personne