Page:Brontë - Le Professeur.djvu/284

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tous les cas où il lui fallait punir, elle aimait à user d’indulgence ; mais arrivait-il que l’élève abusât de sa bonté, un coup d’œil sévère lui apprenait immédiatement l’étendue de sa méprise, et l’avertissement que recevait la coupable avait, en général, le pouvoir de prévenir une nouvelle faute.

Quelquefois un rayon de tendresse venait briller dans son regard ; ses manières devenaient plus douces, sa voix plus affectueuse, lorsque, par exemple, une élève était malade ou regrettait la maison paternelle ; lorsqu’il s’agissait d’une orpheline ou d’une pauvre petite qu’une garde-robe insuffisante et le manque d’argent de poche rendaient pour ses compagnes un objet d’éloignement et de mépris. Elle les prenait alors sous sa protection et les couvrait de son aile ; pauvres déshéritées dont elle faisait l’objet de sa préférence ! C’était auprès de leur lit qu’elle passait chaque soir, pour s’assurer qu’elles y avaient bien chaud ; c’étaient elles qu’en hiver elle faisait placer auprès du poêle et que, chacune à son tour, elle appelait au salon pour leur donner un fruit ou un gâteau, pour les faire asseoir au coin du feu, les faire jouir des douceurs du foyer domestique, de la liberté qu’elles auraient eue chez elles, des bonnes paroles, des encouragements et des consolations que leur mère leur eût donnés ; elle voulait aussi que parfois les pauvres petites reçussent, avant de se coucher, un baiser maternel.

Quant à Mlles Julia et Georgiana, filles d’un baronnet anglais, à Mlle Mathilde, héritière d’un comte belge, ou à n’importe quelle fille de maison patricienne, la directrice était attentive à leurs progrès, soigneuse de leur bien-être ; mais il ne lui vint jamais à l’esprit de leur donner une marque de préférence. Elle en aimait une qui était pourtant de noble race, lady Catherine, jeune baronne irlandaise ; mais c’était à cause