Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/159

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le corridor, et entra dans la cuisine où je le suivis. Ceux qui s’y trouvaient avaient repris leur discussion courroucée ; Mrs Linton, du moins, frondait de plus belle ; Heathcliff s’était approché de la fenêtre, la tête basse, un peu démonté, apparemment, par cette violente semonce. Ce fut lui qui le premier aperçut le maître. Vite, il fit signe à Catherine de se taire : elle obéit brusquement en découvrant la raison de ce geste.

— Qu’est ceci ? dit Linton en s’adressant à elle. Quel sentiment des convenances pouvez-vous bien avoir pour rester là, après le langage que vous a tenu ce drôle ? Je suppose que vous n’y attachez pas d’importance parce que c’est sa manière ordinaire de s’exprimer. Vous êtes habituée à sa vilenie, et vous vous figurez peut-être que je m’y habituerai aussi !

— Est-ce que vous avez écouté à la porte, Edgar ? demanda ma maîtresse sur un ton particulièrement calculé pour provoquer son mari… un ton qui impliquait à la fois l’insouciance et le dédain de son irritation.

Heathcliff, qui avait levé les yeux pendant le discours d’Edgar, ricana à cette répartie, dans le dessein, semblait-il, de détourner sur lui l’attention de Mr Linton. Il y réussit ; mais Edgar était résolu de ne pas se laisser aller envers lui à des transports de colère.

— J’ai été jusqu’à présent indulgent pour vous, monsieur, dit-il tranquillement ; non que j’ignorasse votre caractère méprisable et dégradé, mais parce que je sentais que vous n’étiez que partiellement responsable. Comme Catherine désirait de rester en relations avec vous, j’y ai consenti… sottement. Votre présence est un poison moral qui contaminerait les plus vertueux. Pour cette raison, et pour prévenir des suites plus graves, je vous refuserai à l’avenir l’accès de cette maison