Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

deux montures quand ils partirent ; ils tournèrent le dos au village et s’éloignèrent aussi vite que le mauvais état des routes le leur permettait. La jeune fille ne dit rien à son père, mais elle a raconté l’histoire dans tout Gimmerton ce matin.

Pour la forme, je courus à la chambre d’Isabelle et y jetai un coup d’œil ; en revenant, je confirmai les dires de la servante. Mr Linton avait repris sa place près du lit ; à ma rentrée, il leva les yeux, comprit la signification de mon air désolé, et les baissa de nouveau sans donner un ordre ni prononcer un mot.

— Allons-nous essayer quelque chose pour la rattraper et la ramener ? demandai-je. Que pourrions-nous faire ?

— Elle est partie de son plein gré, répondit le maître ; elle avait le droit de partir si bon lui semblait. Ne m’importunez plus à son sujet. Elle n’est plus ma sœur que de nom, désormais ; non que je la désavoue, mais parce qu’elle m’a désavoué.

Ce fut tout ce qu’il dit à ce propos. Il ne se livra par la suite à aucune investigation et ne fit aucune allusion à elle, sauf pour m’enjoindre d’envoyer ce qui lui appartenait dans la maison à sa nouvelle demeure, où qu’elle fût, dès que je la connaîtrais.