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Chapitre XIII


Les fugitifs restèrent absents deux mois. Durant ces deux mois, Mrs Linton traversa la crise la plus dangereuse de ce qu’on appelait une fièvre cérébrale, et en triompha. Jamais mère n’eût pu entourer son enfant unique de soins plus dévoués que ceux qu’Edgar lui prodigua. Jour et nuit, il veillait, et endurait patiemment tous les tourments que peuvent infliger des nerfs irritables et une raison ébranlée. Bien que Kenneth fît observer que ce qu’il arrachait à la tombe ne récompenserait son dévouement qu’en devenant par la suite la source d’une constante anxiété — en fait, qu’il sacrifiait sa santé et ses forces pour conserver une simple ruine humaine — sa reconnaissance et sa joie ne connurent pas de bornes quand la vie de Catherine fut déclarée hors de danger. Il restait assis à côté d’elle pendant des heures, à épier le retour graduel de sa santé physique et à nourrir ses trop ardents espoirs de l’illusion que son esprit aussi retrouverait son juste équilibre, que bientôt elle redeviendrait tout à fait elle-même.

Ce fut au début du mois de mars suivant qu’elle sortit pour la première fois de sa chambre. Mr Linton avait mis le matin sur son oreiller une poignée de crocus dorés. Son regard, depuis longtemps déshabitué de