Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/271

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ne soit pas le fils du maître, il est votre cousin et je ne suis pas payée pour vous servir.

— Lui, mon cousin ! s’écria Cathy avec un rire méprisant.

— Oui, certainement, répliqua celle qui lui faisait la leçon.

— Oh ! Hélène, ne leur laissez pas dire de pareilles choses, poursuivit-elle très troublée. Papa est allé chercher mon cousin à Londres ; mon cousin est fils d’un gentleman. Ça, mon…

Elle s’arrêta et se mit à pleurer à chaudes larmes, bouleversée à la simple idée d’avoir une parenté avec un tel rustre.

— Chut ! chut ! murmurai-je. On peut avoir beaucoup de cousins, et de toutes sortes. Miss Cathy, et ne pas s’en porter plus mal. Seulement on n’a pas besoin de les fréquenter, s’ils sont désagréables et mal élevés.

— Ce n’est pas… ce n’est pas mon cousin, Hélène, continua-t-elle avec un chagrin accru par la réflexion, et en se jetant dans mes bras pour y chercher refuge contre cette idée.

J’étais furieuse contre elle et contre la servante à cause de leurs mutuelles révélations. Je ne doutais pas que la nouvelle de l’arrivée prochaine de Linton, annoncée par Cathy, ne fût communiquée à Heathcliff ; et j’étais sûre également que la première pensée de la jeune fille, dès le retour de son père, serait de chercher à se faire expliquer l’assertion de la servante au sujet de son grossier parent. Hareton, remis de l’indignation qu’il avait ressentie à être pris pour un domestique, parut ému de son désespoir. Il alla chercher le poney, l’amena près de la porte, puis, pour amadouer Cathy, prit dans le chenil un joli petit terrier à jambes torses et, le lui mettant dans les mains, lui dit de ne plus pleurer,