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Chapitre XIX


Une lettre bordée de noir annonça le retour de mon maître. Isabelle était morte. Il m’écrivait pour me dire de me procurer des effets de deuil pour sa fille et de préparer une chambre ainsi que tout ce qui serait nécessaire pour son jeune neveu. Catherine sauta de joie à l’idée de revoir son père et s’abandonna aux plus confiantes prévisions sur les innombrables qualités de son « vrai cousin ». Le soir de leur arrivée tant attendue vint enfin. Dès la première heure, elle s’était occupée de mettre en ordre ses petites affaires ; maintenant, vêtue de sa nouvelle robe noire — pauvre enfant ! la mort de sa tante ne lui causait pas de chagrin bien précis — elle avait fini, à force d’insistance, par m’obliger d’aller avec elle à leur rencontre à l’entrée de la propriété.

— Linton a juste six mois de moins que moi, bavardait-elle, tandis que nous traversions lentement les ondulations de terrain couvertes de mousse, à l’ombre des arbres. Comme je serai contente de l’avoir pour compagnon de jeu ! Tante Isabelle avait envoyé à papa une belle boucle de ses cheveux ; ils étaient plus clairs que les miens… plus blonds, et tout aussi fins. Je l’ai soigneusement gardée dans une petite boîte de verre ; et j’ai souvent pensé au plaisir que j’aurais à voir