Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/299

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étaient restés jolis, ses yeux et son teint plus brillants que je n’en avais le souvenir, mais seulement d’un éclat passager dû à la salubrité de l’air et à l’influence du soleil.

— Eh bien ! qui est-ce là ? demanda Mr Heathcliff en se tournant vers Cathy. Pouvez-vous me le dire ?

— Votre fils ? dit-elle après les avoir examinés tous deux alternativement d’un air de doute.

— Oui, oui. Mais est-ce la première fois que vous le voyez ? Ah ! vous avez la mémoire bien courte. Linton, te rappelles-tu ta cousine, que tu nous tourmentais tant pour revoir ?

— Quoi ! Linton ! s’écria Cathy dont le visage s’illumina d’une surprise joyeuse à ce nom. Est-ce là le petit Linton ? Il est plus grand que moi ! Êtes-vous vraiment Linton ?

Le jeune homme s’avança et l’assura qu’elle ne se trompait pas. Elle l’embrassa de bon cœur et tous deux considérèrent avec surprise le changement que le temps avait apporté dans leur apparence. Catherine avait atteint toute sa croissance ; ses formes étaient à la fois pleines et élancées, ses muscles avaient l’élasticité de l’acier et son aspect général étincelait de santé et de vie. Les regards et les mouvements de Linton étaient languissants, son corps extrêmement grêle, mais il y avait dans ses manières une grâce qui tempérait ses imperfections et qui faisait qu’il n’était pas déplaisant. Après avoir échangé avec lui de nombreuses marques d’affection, sa cousine se dirigea vers Mr Heathcliff, qui était resté près de la porte, partageant son attention entre ce qui se passait au dedans et ce qui se passait au dehors ; ou plutôt, feignant de partager son attention, mais, en réalité, n’observant que les deux jeunes gens.