Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/339

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présence. La surprise la pétrifia un instant : elle poussa une exclamation inarticulée et resta immobile.

— Ma chère Miss Catherine, commençai-je, sous l’impression encore trop vive de la tendresse qu’elle m’avait témoignée tout récemment pour pouvoir la gronder, où êtes-vous allée à cheval à cette heure-ci ? Et pourquoi avez-vous cherché à me tromper en me faisant un conte ? Où êtes-vous allée ? Parlez.

— Au fond du parc, balbutia-t-elle. Je ne vous ai pas fait de conte.

— Et nulle part ailleurs ?

— Non, murmura-t-elle.

— Oh ! Catherine ! m’écriai-je avec douleur, vous savez que vous avez mal agi, car autrement vous ne seriez pas incitée à me dire des faussetés. C’est cela qui me fait de la peine. J’aimerais mieux être trois mois malade que de vous entendre forger de sang-froid un mensonge.

Elle s’élança vers moi et, fondant en larmes, me jeta les bras autour du cou.

— Voyez-vous, Hélène, j’ai si grand peur que vous ne soyez fâchée ! Promettez-moi de ne pas vous fâcher et vous saurez toute la vérité : j’ai horreur de la cacher.

Nous nous assîmes près de la fenêtre. Je l’assurai que je ne la gronderais pas, quel que pût être son secret, que je devinais, bien entendu. Alors elle commença :


J’ai été à Hurle-Vent, Hélène, et n’ai jamais manqué un jour d’y aller depuis que vous êtes tombée malade, sauf trois fois avant que vous ayez quitté votre chambre et deux fois après. J’ai donné à Michel des livres et des images afin qu’il prépare Minny tous les soirs et qu’il la ramène à l’écurie ; il ne faut pas que vous le grondiez non plus, lui, n’est-ce pas ? J’arrivais à Hurle-Vent vers