Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/362

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que, si elle s’occupait de lui, elle ne ferait que le fatiguer et l’ennuyer.

— Y a-t-il une demi-heure, maintenant, Hélène ? chuchota-t-elle enfin à mon oreille. Je ne vois pas pourquoi nous resterions. Il dort, et papa doit désirer que nous rentrions.

— Bien, mais nous ne pouvons pas le quitter pendant qu’il dort. Attendez qu’il se réveille et ayez un peu de patience. Vous étiez bien pressée de vous mettre en route, mais votre envie de voir le pauvre Linton s’est vite dissipée.

— Et pourquoi désirait-il me voir, lui ? répliqua Catherine. Autrefois, dans ses pires humeurs, il me plaisait plus que maintenant dans cette étrange disposition d’esprit. On dirait que cette entrevue est pour lui une tâche qu’il est forcé de remplir par crainte que son père ne le gronde. Mais je n’ai guère envie de venir pour faire plaisir à Mr Heathcliff, quelque motif qu’il puisse avoir d’imposer à Linton cette pénitence. Bien que je me réjouisse que sa santé soit meilleure, je regrette qu’il soit devenu tellement moins aimable et moins affectueux pour moi.

— Vous pensez donc que sa santé est meilleure ?

— Oui ; car vous savez combien il se plaignait toujours de ses souffrances. Il ne se porte pas assez bien, comme il voulait que je le dise à papa ; mais il va mieux, selon toute apparence.

— Nous différons d’avis là-dessus, Miss Cathy ; je croirais plutôt qu’il va beaucoup plus mal.

À ce moment, Linton se réveilla en sursaut d’un air effrayé et demanda si quelqu’un ne l’avait pas appelé.

— Non, dit Catherine, à moins que ce ne soit dans vos rêves. Je ne comprends pas comment vous pouvez somnoler dehors dans la matinée.