Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/361

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— Restez pour vous reposer. Et puis, Catherine, ne croyez pas, ou ne dites pas que je vais très mal. C’est ce temps lourd et cette chaleur qui m’abattent ; et la marche que j’ai faite, avant votre arrivée, était bien longue pour moi. Dites à mon oncle que je me porte assez bien, voulez-vous ?

— Je lui dirai que vous le dites, Linton. Je ne pourrai pas lui affirmer que c’est vrai, observa ma jeune maîtresse, surprise de son obstination à soutenir ce qui était évidemment faux.

— Revenez jeudi prochain, reprit-il en évitant son regard intrigué. Et remerciez-le de vous avoir permis de venir… remerciez-le bien, Catherine. Et… et, si vous rencontriez mon père, et qu’il vous interrogeât à mon sujet, ne lui laissez pas supposer que j’ai été muet et stupide ; n’ayez pas l’air triste et abattu, comme en ce moment… il se mettrait en colère.

— Je ne me soucie nullement de sa colère, s’écria Catherine, s’imaginant que c’était elle qui en serait l’objet.

— Mais moi je m’en soucie, dit son cousin en frissonnant. Ne l’excitez pas contre moi, Catherine, car il est très dur.

— Est-il sévère pour vous, Master Heathcliff ? demandai-je. S’est-il lassé de l’indulgence et a-t-il passé de la haine passive à la haine active ?

Linton me regarda, mais ne répondit pas. Après être restée assise à côté de lui encore dix minutes, pendant lesquelles il avait laissé tomber lourdement la tête sur la poitrine et n’avait fait entendre que des gémissements étouffés d’épuisement ou de souffrance, Cathy essaya de se distraire en cherchant des airelles qu’elle partagea avec moi ; elle ne lui en offrit pas, voyant