Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/407

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été habituée à voir respecter le jour du Seigneur ; je lui conseillai donc de laisser ses fusils et toutes ses bricoles pendant qu’elle serait là. À cette annonce, il rougit et jeta les yeux sur ses mains et sur ses vêtements. L’huile et la poudre de chasse disparurent en une minute. Je vis qu’il avait l’intention de lui tenir compagnie et je devinai, à ses façons, qu’il désirait être présentable. Aussi, riant comme je n’oserais quand le maître est là, je lui offris de l’aider, s’il voulait, et plaisantai sur sa confusion. Il devint sombre et se mit à jurer.

Eh bien ! Mrs Dean, poursuivit Zillah, qui voyait que sa conduite ne me plaisait guère, vous pensez peut-être que votre jeune dame est trop distinguée pour Mr Hareton ; et peut-être avez-vous raison. Mais j’avoue que j’aimerais à rabaisser d’un cran son orgueil. À quoi lui serviront maintenant toute son instruction et tous ses raffinements ? Elle est aussi pauvre que vous ou moi, plus pauvre, je parierais. Vous faites des économies, et moi aussi je tâche d’amasser un petit magot.


Hareton se laissa aider par Zillah dont les flatteries lui rendirent sa bonne humeur. Quand Catherine arriva, il avait presque oublié les insultes qu’elle lui avait prodiguées jadis et il s’efforça de se rendre agréable, s’il faut en croire la femme de charge.

Missis entra, dit Zillah, froide comme un glaçon et hautaine comme une princesse. Je me levai et lui offris mon fauteuil. Non, elle faisait fi de mes civilités. Earnshaw se leva, lui aussi, et la pria de venir sur le banc et de s’asseoir près du feu : il était sûr qu’elle gelait.

— Il y a un mois et plus que je gèle, répondit-elle en