Aller au contenu

Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Hareton, je suis tombée sur une réserve cachée dans votre chambre… quelques volumes latins et grecs, puis des contes et des poésies : tous de vieux amis, ceux-ci. Je les avais apportés de la Grange, et vous les avez ramassés, comme la pie ramasse des cuillers d’argent pour le simple plaisir de voler ! Ils ne vous servent à rien. Ou bien vous les avez cachés avec la mauvaise pensée que, n’en pouvant jouir vous-même, personne n’en devait jouir. Peut-être est-ce votre envie qui a conseillé à Mr Heathcliff de me priver de mes trésors ? Mais la plupart d’entre eux sont gravés dans mon cerveau et imprimés dans mon cœur, et de ceux-là vous ne pouvez pas me priver.

Earnshaw était devenu cramoisi pendant que sa cousine révélait ainsi ses accaparements littéraires ; il balbutia un démenti indigné pour repousser ces accusations.

— Mr Hareton est désireux d’accroître la somme de ses connaissances, dis-je en venant à son secours. Ce n’est pas de l’envie, mais de l’émulation que lui inspire votre savoir. Il sera très instruit dans quelques années.

— Et en attendant il veut que je devienne une buse, répondit Catherine. Oui, je l’entends qui essaie d’épeler et de lire tout seul, et il fait de jolies bévues ! Je voudrais vous voir recommencer la lecture de Chevy chase19 comme vous faisiez hier ; c’était extrêmement drôle. Je vous ai entendu ; comme je vous ai entendu feuilleter le dictionnaire pour y chercher les mots difficiles, puis jurer parce que vous ne pouviez pas lire les explications.