Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/417

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associeraient à vous dans mon esprit, et je les détesterais.

Elle en ouvrit un qui, manifestement, avait été souvent feuilleté, et lut un passage sur le ton traînant d’un débutant ; puis elle se mit à rire et rejeta le livre. « Écoutez encore », continua-t-elle d’un air provocant ; et elle commença de la même manière un vers d’une vieille ballade.

Mais l’amour-propre de Hareton n’en pouvait supporter davantage. J’entendis, et sans le désapprouver entièrement, qu’il infligeait à l’insolence de Catherine une correction manuelle. La petite coquine avait fait tout ce qu’elle avait pu pour blesser les sentiments délicats, quoique incultes, de son cousin, et un argument physique était le seul moyen qu’il eût de balancer son compte et de rendre son dû à l’agresseur. Ensuite il ramassa les livres et les jeta au feu. Je lus sur son visage ce qu’il lui en coûtait de faire ce sacrifice à sa mauvaise humeur. Pendant qu’ils se consumaient, j’imaginais qu’il songeait au plaisir qu’ils lui avaient déjà procuré, au triomphe et au plaisir croissant qu’il en attendait ; et je croyais deviner aussi l’aiguillon de ses études secrètes. Il s’était contenté du labeur journalier, des rudes satisfactions de la vie animale, jusqu’au moment où Catherine avait traversé son chemin. De la honte d’être méprisé par elle, de l’espoir d’en être approuvé, étaient nées alors des aspirations plus hautes. Mais, au lieu de le préserver du dédain et de lui attirer la louange, ses efforts pour s’élever avaient produit un résultat exactement contraire.

— Oui, c’est tout le bien qu’une brute comme vous en peut tirer ! cria Catherine, suçant sa lèvre meurtrie, et suivant avec des yeux indignés les progrès du feu.