Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/419

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Grange au delà des douze mois pour lesquels je l’ai louée. Je ne pense pas revenir jamais vivre ici.

— Oh ! vraiment ; vous êtes fatigué d’être exilé du monde, sans doute ? Mais si vous venez plaider une exonération de prix pour une location dont vous ne voulez pas profiter, votre déplacement aura été inutile : je ne renonce jamais à exiger de qui que ce soit ce qui m’est dû.

— Je ne suis venu plaider rien de semblable, m’écriai-je fort irrité. Si vous le désirez, je vais régler avec vous sur-le-champ.

Et je tirai mon portefeuille de ma poche.

— Non, non, répliqua-t-il froidement. Vous laisserez assez de gages derrière vous pour couvrir vos dettes si vous manquiez à revenir ; je ne suis pas si pressé. Asseyez-vous et restez à dîner avec nous ; un hôte dont on est assuré de ne plus recevoir la visite trouve généralement bon accueil. Catherine, apportez le couvert. Où êtes-vous ?

Catherine reparut, portant un plateau chargé de couteaux et de fourchettes.

— Vous pouvez prendre votre repas avec Joseph, lui dit Heathcliff à part, et rester dans la cuisine jusqu’à ce qu’il soit parti.

Elle exécuta ces instructions très ponctuellement ; peut-être n’éprouvait-elle pas l’envie de les transgresser. Vivant au milieu de rustres et de misanthropes, elle est probablement incapable d’apprécier des êtres d’une classe supérieure quand elle en rencontre.

Entre Mr Heathcliff, renfrogné et taciturne, d’un côté, et Hareton, absolument muet, de l’autre, je fis un repas assez peu réjouissant et pris congé de bonne heure. J’aurais voulu partir par le derrière de la maison,