Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/440

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y sommes point habitué, et un vieillard n’s’habitue point à d’nouveaux fardeaux. J’aimerions mieux gagner mon pain à casser des cailloux su’la route !

— Allons, allons, idiot ! interrompit Heathcliff, finissons-en ! De quoi vous plaignez-vous ? Je ne veux pas me mêler des disputes entre vous et Nelly. Elle peut vous jeter dans le trou à charbon, pour ce que je m’en soucie.

— C’est point Nelly ! Je n’m’en irions point à cause de Nelly… si môvaise prop’à rien qu’é soye. Dieu merci ! é n’serait capable d’voler l’âme de personne. E’n’a jamais été si belle, que personne prenne garde à ses œillades. C’est c’te peste d’fille dépravée qu’a ensorcelé not’gars, avec ses yeux affrontés et ses manières éhontées… au point que… Non ! ça m’fend l’cœur ! Il a oublié tout c’que j’avions fait pour lui, et fait d’lui, et vl’à-t-y pas qu’il est allé arracher toute eune rangée des plus biaux cassis du jardin !

Là-dessus il s’abandonna à ses lamentations, accablé par le sentiment des cruelles offenses qu’on lui avait faites, de l’ingratitude d’Earnshaw et du danger que ce dernier courait.

— Le drôle est-il ivre ? demanda Mr Heathcliff. Hareton, est-ce à toi qu’il en a ?

— J’ai enlevé deux ou trois groseilliers, répondit le jeune homme, mais je vais les remettre.

— Et pourquoi les as-tu enlevés ?

Catherine intervint à propos.

— Nous voulions planter quelques fleurs à leur place, s’écria-t-elle. Je suis la seule qui mérite un blâme, car c’est moi qui ai désiré qu’il le fît.

— Et qui diable vous a permis de toucher à une brindille ici ? demanda son beau-père, très surpris. Et qui