Aller au contenu

Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/441

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

t’a commandé de lui obéir ? ajouta-t-il en se tournant vers Hareton.

Ce dernier restait muet. Sa cousine répliqua :

— Vous ne devriez pas me chicaner pour quelques mètres de terrain que je veux consacrer à l’ornementation, quand vous m’avez pris toutes mes terres !

— Vos terres, insolente vaurienne ! Vous n’en avez jamais eu.

— Et mon argent, reprit-elle en lui renvoyant son regard furieux, et mordillant une croûte de pain, reste de son déjeuner.

— Silence ! Finissez et allez-vous-en !

— Et les terres de Hareton, et son argent, poursuivit l’indomptable créature. Hareton et moi sommes amis maintenant ; je l’éclairerai sur votre compte !

Le maître parut un moment décontenancé ; il pâlit et se leva, sans cesser de diriger sur elle un regard chargé d’une haine mortelle.

— Si vous me frappez, Hareton vous frappera, dit-elle ; vous ferez donc mieux de vous rasseoir.

— Si Hareton ne vous chasse pas de cette pièce mes coups l’enverront en enfer, tonna Heathcliff. Damnée sorcière ! Auriez-vous l’audace de prétendre le révolter contre moi ? Qu’elle disparaisse ! Entends-tu ? Jette-la dans la cuisine ! Je la tuerai, Hélène Dean, si vous la laissez reparaître devant moi !

Hareton essaya de la persuader tout bas de partir.

— Mets-là dehors, cria Heathcliff avec sauvagerie. Vas-tu rester à bavarder ?

Et il s’approcha pour exécuter lui-même son ordre.

— Il ne vous obéira plus, méchant, dit Catherine, et bientôt il vous détestera autant que je vous déteste.

— Chut ! Chut ! murmura le jeune homme d’un ton de