Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/451

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est pas prudent, en tout cas, dans cette saison humide. Je parie que vous attraperez un bon rhume, ou la fièvre : vous avez certainement quelque chose.

— Rien que je ne puisse supporter ; et même avec le plus grand plaisir, pourvu que vous me laissiez seul. Rentrez et ne m’ennuyez pas.

J’obéis. En passant, je remarquai que sa respiration était aussi précipitée que celle d’un chat.

— Oui, me dis-je, il va être malade. Je me demande ce qu’il a bien pu faire.

À midi, il se mit à table pour dîner avec nous et accepta de ma main une assiette pleine, comme s’il voulait faire compensation à son jeûne antérieur.

— Je n’ai ni rhume, ni fièvre, Nelly, remarqua-t-il, en allusion à mes paroles de la matinée ; et je suis prêt à faire honneur à la nourriture que vous m’offrez.

Il prit son couteau et sa fourchette, et il allait commencer de manger, quand tout à coup son appétit parut disparaître. Il reposa son couvert sur la table, regarda avec anxiété vers la fenêtre, se leva et sortit. Nous le vîmes marcher de long en large dans le jardin pendant que nous finissions notre repas, et Earnshaw dit qu’il allait lui demander pourquoi il ne dînait pas : il pensait que nous avions fait quelque chose qui le contrariait.

— Eh bien ! vient-il ? cria Catherine quand son cousin rentra.

— Non ; mais il n’est pas fâché ; il semblait même particulièrement satisfait. Seulement je l’ai impatienté en lui adressant deux fois la parole ; il a fini par me dire d’aller vous rejoindre. Il s’étonnait que je pusse rechercher la compagnie de quelqu’un d’autre.

Je mis son assiette à chauffer sur le garde-feu. Au bout d’une heure ou deux, il rentra, quand la pièce fut libre,