Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/455

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incombait la tâche de composer l’inscription pour son monument, et que je consultais là-dessus le fossoyeur. Comme il n’avait pas de nom de famille, et que nous ne savions pas son âge, nous étions obligés de nous contenter du simple mot : « Heathcliff ». Ce qui s’est vérifié : nous n’avons pu faire autrement. Si vous entrez dans le cimetière, vous ne lirez sur sa pierre tombale que ce mot et la date de sa mort.

À l’aube, je retrouvai mon bon sens. Je me levai et descendis dans le jardin, dès qu’il commença de faire clair, pour voir s’il y avait des traces de pas sous sa fenêtre. Il n’y en avait pas. « Il n’a pas bougé », pensai-je « et il sera dans son état normal aujourd’hui. » Je préparai le déjeuner pour tout le monde, comme je faisais à l’ordinaire, mais je dis à Hareton et à Catherine de ne pas attendre que le maître descendît, car il resta couché tard. Ils préférèrent déjeuner dehors sous les arbres, et j’installai une petite table pour eux.

Quand je rentrai dans la maison, je trouvai Mr Heathcliff en bas. Il causait avec Joseph de choses concernant la ferme ; il donna des instructions claires et minutieuses sur l’affaire en cause, mais il parlait vite, tournait continuellement la tête de côté, et avait toujours le même air excité, avec plus d’exagération encore. Quand Joseph quitta la salle, il s’assit à sa place habituelle et je plaçai devant lui un bol de café. Il l’avança, puis appuya les bras sur la table, regarda le mur en face de lui et en examina une partie de haut en bas et de bas en haut, avec des yeux brillants, sans cesse en mouvement, et avec un intérêt si intense qu’il retenait parfois sa respiration pendant une demi-minute.

— Allons ! m’écriai-je en poussant un morceau de pain contre sa main, mangez et buvez votre café pendant