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bonnes paroles de consolation religieuse et d’encouragement ; puis, avec un mutuel : « Dieu vous bénisse, monsieur ! Dieu vous bénisse, mes amis, » ils se séparèrent.




CHAPITRE VIII.

Briarmains.


M. Helstone et M. Sykes se montrèrent fort joyeux et félicitèrent vivement M. Moore lorsqu’il revint auprès d’eux, après avoir congédié la députation. Il se montra cependant si peu touché de leurs compliments sur sa fermeté, son visage ressemblait si fort à un jour calme et sombre, sans soleil et sans brise, que le recteur, après l’avoir regardé dans les yeux d’une façon toute particulière, boutonna ses félicitations en même temps que son habit, et dit à Sykes, qui était incapable de s’apercevoir tout seul que sa présence et sa conversation étaient à charge :

« Venez, monsieur ; votre route et la mienne sont en partie communes, et nous nous tiendrons compagnie. Nous allons souhaiter le bonjour à Moore et le laisser dans l’heureuse fantaisie qui semble l’absorber en ce moment.

— Et où est Sugden ? demanda Moore en relevant la tête.

— Ah ! ah ! s’écria Helstone. Je ne suis pas tout à fait demeuré dans l’inaction pendant que vous étiez occupé. Je vous ai aidé un peu, je m’en flatte avec raison. Pendant que vous parlementiez là-bas avec cet homme à l’air triste, Farren, je crois que c’est son nom, j’ai pensé qu’il valait mieux ne pas perdre de temps ; j’ai ouvert cette fenêtre qui donne derrière la maison, et j’ai crié à Murgatroyd, qui se trouvait dans l’écurie, d’amener le cabriolet de M. Sykes. Puis j’ai fait passer en contrebande Sugden, Moïse et sa jambe de bois à travers cette ouverture, je les ai vus monter dans le cabriolet (toujours avec la permission de votre ami Sykes, bien entendu). Sugden a pris les rênes, il conduit comme Jéhu, et, avant qu’il soit un quart d’heure, Barraclough sera en sûreté dans la prison de Stilbro’.