— Esclave ! Ce mot à un Yorke, et de la part d’un Yorke ! Ce garçon oublie ce que pas un fermier dans Briarfield n’ignore, que tout rejeton de notre famille a ce pied cambré sous lequel l’eau peut couler, preuve qu’il n’y a pas eu d’esclave de ce sang depuis plus de trois siècles.
— Charlatan ! dit dédaigneusement Mathieu.
— Garçons, faites silence, s’écria M. Yorke. Martin, vous êtes un querelleur. Sans vous, cette altercation ne serait point arrivée.
— En vérité ! Est-ce moi qui ai commencé, ou bien Mathieu ? Est-ce que je lui avais adressé la parole, lorsqu’il m’a accusé de bavarder comme un fou ?
— Un présomptueux sot, » répéta Mathieu.
Mistress Yorke commença à s’agiter, mouvement de mauvais présage, parce que souvent, surtout lorsque Mathieu était engagé dans le conflit, il était suivi d’une crise nerveuse.
« Je ne vois pas pourquoi je supporterais l’insolence de Mathieu Yorke, ni quel droit il a d’user de mauvais langage avec moi, dit Martin.
— Il n’a aucun droit, mon garçon ; mais pardonnez à votre frère jusqu’à soixante-dix-sept fois, dit avec douceur M. Yorke.
— Toujours de même, toujours la théorie opposée à la pratique ! murmura Martin en sortant de la chambre.
— Où allez-vous, mon fils ? demanda le père.
— En quelque endroit où je ne sois pas exposé à l’insulte, puisque je ne puis trouver un tel lieu dans cette maison. »
Mathieu ricanait d’une façon insolente. Martin lui jeta un regard étrange ; tout son frêle corps tremblait, mais il se contint.
« Je suppose qu’il n’y a aucune objection à ce que je me retire ? demanda-t-il.
— Non, allez, mon garçon ; mais souvenez-vous de ne lui pas garder rancune. »
Martin sortit, et Mathieu lui envoya un nouvel éclat de rire insolent. Rose, relevant sa jolie tête de l’épaule de Moore, sur laquelle elle l’avait appuyée pendant un instant, dit en dirigeant un regard ferme sur Mathieu :
« Martin est affligé et vous êtes content ; mais j’aimerais mieux être Martin que vous : je méprise votre caractère. »
En ce moment, Moore, pour prévenir, ou tout au moins pour