fuir une scène qu’un sanglot de mistress Yorke lui annonçait comme probable, se leva, et, descendant Jessy de son genou, il l’embrassa en même temps que Rose, et leur recommanda de ne pas manquer de se trouver à Hollow le lendemain dans l’après-midi ; puis, prenant congé de son hôtesse et disant à M. Yorke qu’il désirait lui parler en particulier, il sortit suivi de ce dernier, et le dialogue suivant s’engagea dans le vestibule :
« Avez-vous du travail pour un excellent ouvrier ? demanda Moore.
— Absurde question en ce temps-ci, lorsque vous savez qu’il n’est pas un maître qui n’ait de bons ouvriers inoccupés.
— Il faut que vous m’obligiez en prenant cet homme.
— Mon garçon, il me serait impossible de prendre un ouvrier de plus, fût-ce pour obliger toute l’Angleterre.
— N’importe, il faut que je lui trouve de l’emploi quelque part.
— Qui est-il ?
— William Farren.
— Je connais William ; c’est un parfait honnête homme.
— Depuis trois mois il est sans travail : il a une nombreuse famille ; je sais qu’il ne peut la faire vivre sans son salaire. Il faisait partie d’une députation d’ouvriers qui sont venus ce matin m’apporter des plaintes et des menaces. William ne m’a pas menacé ; il m’a seulement demandé de leur accorder un peu de temps, d’opérer mes changements avec plus de lenteur. Vous savez que cela m’est impossible ; pressé de toutes parts comme je le suis, je n’ai pas d’autre ressource que d’aller en avant. Je n’ai pas cru devoir parlementer avec eux ; je les ai congédiés, après avoir fait arrêter un misérable qui se trouvait parmi eux et que j’espère faire transporter, un gaillard qui prêche quelquefois dans la chapelle là-bas.
— Ce n’est pas Moïse Barraclough ?
— Lui-même.
— Ah ! vous l’avez fait arrêter ! D’un vaurien vous allez faire un martyr. Vous avez fait là une chose fort sage !
— J’ai fait une chose juste. Bref, je suis déterminé à trouver une place à Farren, et je compte sur vous pour lui en donner une.
— Vraiment ? et de quel droit comptez-vous sur moi pour pour-