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Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/242

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tress Pryor par d’inutiles conférences, qui pouvaient seulement lui rappeler sa propre incapacité, sans produire aucun bien.

Ce fut un beau jour pour miss Ainley que celui où elle fut appelée à Fieldhead pour délibérer sur un projet qui rentrait si bien dans ses vues ; lorsque assise à la place d’honneur devant une table avec du papier, des plumes et de l’encre, et, ce qui valait mieux que tout cela, de l’argent comptant devant elle, on la pria de dresser un plan régulier pour distribuer des secours aux pauvres de Briarfield. Miss Ainley, qui les connaissait tous, qui avait étudié leurs besoins, avait souvent vu de quelle façon ils pourraient être plus efficacement secourus, si les moyens de secours pouvaient être trouvés ; miss Ainley était tout à fait compétente dans la question, et une joie douce s’empara de son cœur lorsqu’elle se vit à même de répondre clairement et promptement aux pressantes questions qui lui étaient adressées par les deux jeunes filles, lorsqu’elle leur montra par ses réponses quelle précieuse connaissance elle avait acquise de la condition des pauvres qui vivaient autour d’elle.

Shirley mit trois cents guinées à la disposition de miss Ainley, dont les yeux se remplirent de douces larmes à la vue de cet argent, qui lui représentait de la nourriture pour ceux qui avaient faim, des vêtements pour ceux qui étaient nus, des médicaments pour les malades. Elle rédigea aussitôt un plan simple et judicieux pour l’emploi de cette somme, et elle assura Shirley et Caroline que des temps plus heureux ne tarderaient pas à arriver, car elle ne doutait point que l’exemple donné par la châtelaine de Fieldhead ne fût bientôt suivi par d’autres. Elle voulait essayer de réunir quelques souscriptions additionnelles et former un fonds ; mais il fallait qu’elle consultât d’abord le clergé ; sur ce point elle était péremptoire ; M. Helstone, le docteur Boultby, M. Halle, devaient être consultés (car non-seulement il fallait soulager les pauvres de Briarfield, mais aussi ceux de Whinbury et de Nunnely) ; il y aurait de sa part de la présomption à faire la moindre démarche sans y être autorisée par eux.

Les membres du clergé étaient des êtres sacrés aux yeux de miss Ainley ; quelle que pût être l’insignifiance de l’individu, sa fonction en faisait un saint homme. Les vicaires mêmes, qui, dans leur triviale arrogance, étaient à peine dignes de