oracle touchant mon éducation et la manière de me diriger : je le prononce, et ne le répète pas ; c’est à vous, mère, de récolter ou de fermer l’oreille.
— Je conseillerais aux jeunes ladies, poursuivit mistress Yorke, d’étudier le caractère des enfants qu’elles peuvent rencontrer, avant de se marier, et de bien considérer si elles aimeraient à se charger de la responsabilité de guider les insouciants, du travail de persuader les entêtés, et du fardeau continuel de former et d’instruire les meilleurs.
— Mais, avec l’amour maternel, cela ne peut être bien difficile, dit Caroline. Les mères aiment leurs enfants plus tendrement qu’elles-mêmes.
— Joli langage ! très-sentimental ! La partie rude et pratique de la vie est encore à venir pour vous, jeune miss !
— Mais, mistress Yorke, si je prends un petit enfant entre mes bras, l’enfant d’une pauvre femme, par exemple, je sens que j’aime cette pauvre petite créature d’une façon toute particulière, bien que je ne sois pas sa mère. Je ferais volontiers tout pour lui, s’il était confié entièrement à mes soins, s’il dépendait absolument de moi.
— Vous sentez ! Oui ! oui ! Je le vois, vous vous laissez beaucoup conduire par vos sentiments, et vous vous considérez sans doute comme une personne très-impressionnable et très-raffinée. Savez-vous qu’avec toutes ces idées romanesques vous êtes arrivée à donner à vos traits une expression rêveuse qui convient mieux à une héroïne de roman qu’à une femme qui doit faire son chemin dans le monde réel, par la puissance du sens commun ?
— Non ; je n’ai aucune idée de cela, mistress Yorke.
— Regardez dans la glace qui se trouve derrière vous. Comparez ce visage qui y est reflété avec celui d’une laitière qui se lève de bonne heure et travaille rudement.
— Mon visage est pâle, mais il n’est point sentimental, et beaucoup de laitières, quelque colorées et robustes qu’elles soient, sont moins capables que moi de faire leur chemin dans le monde. Je pense davantage et plus correctement que ne le font en général les laitières. Donc, dans les circonstances où souvent, par défaut de réflexion, elles agiraient mal, moi, au moyen de la réflexion, j’agirais judicieusement.
— Oh ! non, vous seriez influencée par vos sentiments. Vous seriez guidée par leur impulsion.