Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/397

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— Vous devez vraiment avoir été bien différente. Maman, j’entends la porte d’entrée s’ouvrir. Si c’est mon oncle qui rentre, priez-le de monter l’escalier et de me donner l’assurance que je suis bien éveillée et que je n’ai pas le délire. »

Le recteur, de son propre mouvement, montait l’escalier, et mistress Pryor l’appela dans la chambre de sa nièce.

« Elle ne va pas plus mal, j’espère ? demanda-t-il avec empressement.

— Je pense qu’elle est mieux ; elle est disposée à causer ; elle semble plus forte.

— Bien ! dit-il en arpentant rapidement la chambre. Ah ! Cary ! comment allez-vous ? Avez-vous bu ma tasse de thé ? Je l’avais préparée pour vous comme je l’aime.

— Je l’ai bue jusqu’à la dernière goutte ; elle m’a fait du bien. Je désire avoir de la société, et j’ai prié mistress Pryor de vous appeler auprès de moi. »

Le respectable ecclésiastique paraissait à la fois content et embarrassé. Il était assez disposé à accorder sa compagnie à sa nièce malade, puisque c’était son caprice ; mais comment employer ces dix minutes, il n’en savait rien. Il toussait, il s’agitait.

« Vous serez debout dans un instant, dit-il afin de dire quelque chose. Cette petite faiblesse sera bientôt passée ; et alors vous boirez du porto, une pipe, si vous le pouvez, et vous mangerez du gibier et des huîtres ; je m’en procurerai pour vous, s’il est possible d’en avoir quelque part. S’il plaît à Dieu, nous vous rendrons bientôt aussi forte que Samson.

— Qui est cette lady, mon oncle, qui est debout à côté de vous au pied de mon lit ?

— Bon Dieu ! s’écria-t-il ; est-ce que sa raison voyage encore, madame ? »

Mistress Pryor sourit.

« Je voyage dans un agréable monde, dit Caroline d’une voix douce et heureuse, et j’ai besoin que vous me disiez si c’est une réalité ou une vision. Quelle est cette lady ? donnez-lui un nom, mon oncle.

— Il faut faire appeler de nouveau le docteur Riles, ou plutôt encore Marc Turck : il est moins charlatan. Il faut que Thomas selle le poney et aille le chercher.

— Non, je n’ai pas besoin de docteur, mon oncle ; maman sera mon seul médecin. Maintenant, comprenez-vous, mon oncle ? »