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Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/509

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Le pauvre gentleman bondit de sa chaise, et se précipita d’abord, puis trotta à travers la chambre.

« C’est cela ! c’est cela ! c’est cela !

— Pour parler sincèrement, je suis fâchée, mon oncle, de vous voir si fort désappointé. »

La concession, la contrition, ne font aucun bien près de certaines personnes. Au lieu de les adoucir et de les apaiser, elles ne font que les enhardir et les endurcir davantage : de ce nombre était M. Sympson.

« Moi désappointé ! Qu’est-ce que cela me fait ? Est-ce que j’ai un intérêt à ce mariage ? Vous voudriez insinuer peut-être que j’avais des motifs ?

— Beaucoup de gens ont des motifs, d’un certain genre, pour leurs actions.

— Elle m’accuse en face ! moi qui lui ai servi de père ! elle m’attribue de mauvais motifs !

— Je n’ai pas dit mauvais.

— Et maintenant vous prévariquez. Vous n’avez aucuns principes.

— Mon oncle, vous me fatiguez ; j’ai besoin de m’en aller.

— Vous ne sortirez pas ! vous me répondrez. Quelles sont vos intentions, miss Keeldar ?

— À propos de quoi ?

— À propos de votre mariage.

— J’entends que l’on me laisse tranquille, et je ferai absolument ce qu’il me plaira.

— Ce qu’il vous plaira ! Ces mots sont inconvenants au dernier point.

— Monsieur Sympson, je vous engage à ne pas vous servir d’expressions insultantes : vous savez que je ne supporte pas cela.

— Vous lisez des ouvrages français. Votre esprit est empoisonné par les romans français. Vous êtes imbue de principes français !

— Le sol sur lequel vous marchez rend un son fort creux sous vos pieds. Prenez garde !

— Cela finira par le déshonneur, tôt ou tard ! Je l’ai prévu depuis le commencement.

— Voulez-vous dire, monsieur, que quelque chose qui me concerne finira par le déshonneur ?

— Oui, oui. Vous venez à l’instant de dire que vous agi-