riez comme il vous plairait. Vous ne connaissez ni règles ni limites.
— Impertinentes divagations ! aussi vulgaires qu’impertinentes !
— Sans égard pour le décorum, vous êtes décidée à braver toutes les convenances.
— Vous me fatiguez, mon oncle.
— Quoi, madame ! Quelles ont pu être vos raisons pour refuser sir Philippe Nunnely ?
— Enfin, voilà une question sensée ; j’y répondrai avec plaisir. Sir Philippe est trop jeune pour moi ; je le regarde comme un enfant ; tous ses parents, sa mère surtout, seraient contrariés de le voir m’épouser ; un tel mariage le brouillerait avec eux ; selon les idées du monde, je ne suis point son égale.
— Est-ce là tout ?
— Nos caractères ne sont pas sympathiques.
— Quoi ! jamais plus aimable gentleman n’a existé.
— Il est fort aimable, excellent, vraiment estimable, mais il n’est pas mon maître, pas même sur un seul point. Je ne pourrais me fier à lui, ni faire son bonheur ; pour aucune fortune je ne voudrais l’entreprendre. Je n’accepterai jamais une main qui ne pourrait me maîtriser.
— Je pensais que vous aimiez à faire ce qui vous plaît : vous êtes fort inconséquente.
— Lorsque je promettrai d’obéir, ce sera dans la conviction que je pourrai tenir cette promesse ; je ne pourrais obéir à un jeune homme comme sir Philippe, D’ailleurs, il ne me commanderait jamais ; il se reposerait toujours sur moi du soin de gouverner, de guider, et je n’ai pas le moindre goût pour cet emploi.
— Vous n’avez aucun goût pour dominer, pour soumettre, pour ordonner, pour gouverner ?
— Mon mari, non ; seulement mon oncle.
— Quelle est la différence ?
— Il y a une légère différence ; c’est certain. Et je sais fort bien que tout homme qui voudra vivre heureux et paisible avec moi, comme mari, devra être capable de me réprimer.
— Je voudrais que vous eussiez un vrai tyran.
— Un tyran ne me tiendrait pas un jour, une heure en son pouvoir. Je me révolterais, je m’arracherais de ses mains, je le défierais !