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Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/58

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— Elle viendra à dix heures, comme d’habitude, prendre sa leçon de français.

— Elle se moque de vous, elle ?

— Non, certes ; elle m’apprécie mieux que qui que ce soit ; mais elle a plus d’occasions de me connaître intimement ; elle voit que j’ai de l’éducation, de l’intelligence, des manières, des principes ; bref, tout ce qui appartient à une personne bien née et bien élevée.

— L’aimez-vous tout de bon ?

— Pour l’aimer, je ne pourrais le dire. Je ne suis pas de celles qui s’enflamment aisément, et, en conséquence, on peut davantage compter sur mon amitié. J’ai de l’attachement pour elle comme ma parente ; sa position aussi m’inspire de l’intérêt, et sa conduite comme mon élève a été jusqu’ici plus susceptible d’accroître que de diminuer l’attachement qui provenait d’autres causes.

— Elle se conduit parfaitement bien aux leçons ?

— Envers moi, elle se comporte très-bien ; mais vous savez, mon frère, que j’ai une manière de repousser la trop grande familiarité, de gagner l’estime et de commander le respect. Néanmoins, avec ma pénétration, je vois clairement que Caroline n’est pas parfaite ; elle laisse beaucoup à désirer.

— Donnez-moi une dernière tasse de café, et, pendant que je la prendrai, vous m’amuserez avec le détail de ses défauts.

— Mon cher frère, je suis heureuse de vous voir déjeuner de bon appétit après la nuit fatigante que vous avez passée. Caroline, donc, a des défauts ; mais entre mes mains, et grâce à mes soins maternels, elle s’en corrigera. Il y a en elle quelque chose, une réserve, je pense, que je n’aime pas tout à fait, parce qu’elle n’est pas suffisamment enfantine et soumise ; il y a dans sa nature des éclairs d’impatience qui me déroutent. Néanmoins, elle est ordinairement fort tranquille, trop triste et trop rêveuse quelquefois. Avec le temps, certainement, je la rendrai uniformément calme et bienséante, et elle cessera d’être bizarre et pensive. Je désapprouve toujours ce que je ne puis comprendre.

— Je ne vous comprends pas : qu’entendez-vous par éclairs d’impatience, par exemple ?

— Un exemple vous fera peut-être mieux comprendre ce que je veux vous dire. Vous savez que de temps à autre je lui fais