Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/620

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Cela était très-mal ; mais j’espérais avec le temps parvenir à le changer.

« Maintenant, il vous faut mettre votre chapeau et votre châle, me dit le petit héros, et je vous montrerai mon jardin.

— Et le mien, » dit Mary-Anne.

Tom leva son poing avec un geste menaçant ; elle poussa un cri perçant, courut se placer à mon côté et lui fit face.

« Assurément, Tom, vous ne voudriez pas frapper votre sœur ! j’espère que je ne vous verrai jamais faire cela.

— Vous me le verrez faire quelquefois ; j’y suis obligé de temps en temps pour la corriger.

— Mais ce n’est pas votre affaire de la corriger, vous savez, c’est…

— Bien, partons et mettez votre chapeau.

— Je ne sais… le temps est si couvert et si froid, il paraît qu’il va pleuvoir ; et vous savez que je viens de faire une longue route.

— N’importe, vous viendrez ; je ne souffrirai aucune excuse, » répliqua le petit gentleman. Et, comme c’était le premier jour de notre connaissance, je pensai que je pouvais bien lui passer cela. Il faisait trop froid pour que Mary-Anne nous accompagnât : aussi resta-t-elle avec sa mère, au grand contentement de son frère, qui aimait à m’avoir entièrement à lui.

Le jardin était grand et disposé avec goût ; outre de splendides dahlias, il y avait encore d’autres belles plantes en fleur. Mais mon compagnon ne voulait pas me les laisser examiner. Il me fallut le suivre à travers l’herbe mouillée, jusqu’à un endroit éloigné, le plus important du domaine, puisqu’il contenait son jardin. Là étaient deux espaces ronds, semés d’une variété de plantes. Dans l’un se trouvait un joli petit rosier. Je m’arrêtai pour admirer ses belles fleurs.

« Oh ! ne faites pas attention à cela, dit-il avec mépris. Ceci n’est que le jardin de Mary-Anne. Regardez, voici le mien. »

Après que j’eus observé chaque fleur et écouté la description de chaque plante, il me fut permis de partir ; mais auparavant, avec grande pompe, il arracha un polyanthus et me le présenta, comme quelqu’un qui confère une grande faveur. Je remarquai, sur l’herbe autour de son jardin, certain appareil de bâtons et de cordes, et je demandai ce que c’était.