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Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/682

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réprimander avec moi. Il vint me voir une fois ou deux avant l’arrivée de M. Weston, quand j’avais l’esprit si malade ; comme ma santé allait très-mal aussi, j’osai l’envoyer chercher, et il vint tout de suite. J’étais bien cruellement affligée, miss Grey. Grâce à Dieu, c’est un peu passé maintenant ; mais quand je prenais ma Bible, je n’en pouvais tirer aucune consolation. Ce même chapitre que vous venez de me lire me troublait beaucoup. « Celui qui n’aime pas, ne connaît pas Dieu. » Cela me semblait terrible ; car je sentais que je n’aimais ni Dieu, ni le prochain, comme je l’aurais dû et comme je l’aurais voulu. Et le chapitre précédent, où il est dit : « Celui qui est né de Dieu ne peut commettre le péché. » Et un autre endroit où il est dit : « L’amour est l’accomplissement de la loi. » Et beaucoup, beaucoup d’autres, miss ; je vous fatiguerais si je vous les disais tous. Mais tout semblait me condamner, et me montrer que je n’étais pas dans la bonne voie. Et comme je ne savais pas comment y rentrer, j’envoyai Bill prier M. Hatfield d’être assez bon de venir me voir quelque jour ; et, quand il vint, je lui dis tous mes troubles.

— Et que vous dit-il, Nancy ?

— Il eut l’air de se moquer de moi, miss. Il se peut que je me trompe, mais il siffla d’une certaine façon et je vis un léger sourire sur son visage ; puis il dit : « Oh ! tout cela est de l’extravagance ! vous avez fréquenté les méthodistes, ma bonne femme. » Mais je lui dis que je n’étais jamais allée chez les méthodistes. Il me dit alors : « Eh bien, il vous faut venir à l’église, où vous entendrez les Écritures correctement expliquées, au lieu de méditer là sur votre Bible à la maison. » Je lui dis que j’avais toujours fréquenté l’église lorsque j’étais en bonne santé ; mais que par ce froid hiver, et avec mes rhumatismes et mes autres infirmités, je ne pouvais me hasarder à aller si loin. Mais il me répondit : « Cela fera du bien à votre rhumatisme de marcher jusqu’à l’église ; il n’y a rien comme l’exercice pour guérir le rhumatisme. Vous marchez assez bien dans les environs de cette maison ; pourquoi ne pourriez-vous pas marcher jusqu’à l’église ? Le fait est que vous devenez trop esclave de vos aises, dit-il. Il est toujours facile d’inventer des excuses pour éluder son devoir. » Vous savez, miss Grey, qu’il n’en était pas ainsi. Pourtant je lui dis que j’essayerais. « Mais, je vous prie, monsieur, dis-je, si je vais à l’église, en serai-je