Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/681

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En cherchant un peu, je trouvai ces mots dans le quatrième chapitre. Lorsque je fus au quatrième verset, elle m’interrompit, et, en me demandant pardon d’une telle liberté, me pria de lire très-lentement, afin qu’elle pût bien saisir le sens, et d’appuyer sur chaque mot, espérant que je voudrais bien l’excuser, attendu qu’elle était une simple créature.

« Les plus sages personnes, répondis-je, pourraient réfléchir sur chacun de ces versets pendant une heure, et en tirer profit, et j’aime mieux les lire lentement que vite. »

Je finis donc le chapitre avec autant de lenteur qu’elle le désirait, lisant, en outre, avec autant d’expression que je le pus. Mon auditeur m’écouta très-attentivement, et me remercia sincèrement lorsque j’eus terminé. Je demeurai sans rien dire environ une demi-minute, pour lui donner le temps de réfléchir sur cette lecture, quand, à ma surprise, elle rompit le silence en me demandant comment je trouvais M. Weston.

« Je ne sais, répliquai-je, un peu déconcertée par l’imprévu de la question ; je pense qu’il prêche fort bien.

— Oui ! et il cause bien aussi !

— Vraiment ?

— Oui. Mais peut-être ne l’avez-vous pas vu beaucoup et n’avez-vous encore guère causé avec lui ?

— Non ; je ne parle jamais à personne, excepté aux jeunes ladies du château.

— Ah ! ce sont de charmantes et bonnes ladies ; mais elles ne peuvent causer comme lui.

— Il vient donc vous voir, Nancy ?

— Oui, miss, et j’en suis bien reconnaissante. Il vient nous voir, nous autres pauvres créatures, un peu plus souvent que ne le faisait M, Blight, et que le recteur lui-même ; et il fait bien, car il est toujours le bienvenu. Nous n’en pourrions pas dire autant du recteur, car il y en a qui ont peur de lui. Quand il entre dans une maison, ils disent qu’il ne manque jamais de trouver tout mal, et il se met à réprimander aussitôt qu’il a passé la porte ; mais peut-être croit-il que c’est son devoir de leur dire ce qui est mal. Et souvent il vient pour gronder les gens de ce qu’ils ne vont pas à l’église, ou de ce qu’ils ne s’agenouillent pas et ne se lèvent pas quand les autres le font, ou de ce qu’ils vont à la chapelle des méthodistes, ou autre chose de cette sorte. Mais je ne puis dire qu’il ait trouvé beaucoup à