l’existence d’un des habitants de ce cottage. Elle sentait que cela ne pouvait toujours aller ainsi, et que quelque jour elle se verrait forcée d’y faire un changement. On ne pourrait dire qu’elle désirât ressembler exactement aux ladies qui étaient là devant elle ; mais elle voulait devenir supérieure à ce qu’elle était alors, afin de se sentir moins intimidée par leur dignité.
Le seul moyen qu’elle trouvât de renouer la conversation fut de leur demander si elles voulaient rester toutes pour le thé, et il lui en coûta beaucoup d’accomplir cet acte de civilité. Mistress Sykes avait déjà commencé à dire : « Nous sommes fort obligées, mais… » quand Fanny rentra de nouveau.
« Les messieurs resteront ce soir, madame, dit-elle de la part de M. Helstone.
— Quels messieurs avez-vous ? » demanda mistress Sykes.
Les noms furent prononcés ; elle et ses filles échangèrent des regards. Les vicaires n’étaient pas pour elles ce qu’ils étaient pour Caroline. M. Sweeting était un de leurs favoris ; voire même M. Malone, parce qu’il appartenait au clergé.
« Réellement, puisque vous avez de la compagnie déjà, je pense que nous resterons, dit mistress Sykes. Nous formerons une tout à fait agréable petite réunion ; j’ai toujours du plaisir à me trouver avec le clergé. »
Caroline fut obligée de conduire ces dames en haut, de les aider à se débarrasser de leurs châles, à lisser leurs cheveux et à se faire belles ; de les reconduire au salon, de leur distribuer des albums de gravures, ou des objets achetés à la Corbeille des Juifs. Elle était obligée d’y faire des achats, bien qu’elle contribuât peu à son approvisionnement, et, si elle avait eu beaucoup d’argent à sa disposition, elle eût certainement, toutes les fois qu’on apportait au presbytère ce terrible cauchemar, acheté toute la provision, plutôt que d’y contribuer d’une pelote à épingles.
Il est nécessaire peut-être d’expliquer en passant, pour ceux qui ne seraient point au fait des mystères de la Corbeille des Juifs et de celle des Missionnaires, que ces meubles, sont des paniers en osier d’une certaine dimension, destinés à porter de maison en maison une collection monstre de pelotes à épingles, d’étuis à aiguilles, de sacs à ouvrage, d’objets d’habillements d’enfants, etc., etc., faits bon gré, mal gré, par les mains des dames chrétiennes d’une paroisse, et vendus de force aux gen-