Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/340

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tical ; elles sont reportées dans la marge et entourées d’un quart de cercle accompagné d’un signe analogue au renvoi du texte :

L’origine de ce signe ne semble point susceptible de longues recherches, non plus que de discussions.

Les copistes du moyen âge furent, en maintes circonstances, pour la reproduction des textes, aux prises avec des difficultés presque insurmontables : les manuscrits ne présentaient pas toujours une lisibilité suffisante ; le parchemin était plus ou moins altéré ; des abréviations nombreuses augmentaient encore les incertitudes de l’écrivain ; celui-ci d’ailleurs ne possédait pas toujours la science nécessaire pour déchiffrer sans erreur possible le texte ou le rétablir dans sa pureté primitive.

Aux prises avec ces difficultés, les copistes estimèrent qu’il était nécessaire de prévenir le lecteur et de le mettre en garde contre une interprétation erronée d’un passage douteux ou dont le sens réel était resté douteux : ils utilisèrent à cet effet un signe appelé cruphie ou cryphie, dont le nom tiré de la langue grecque (xpupatos) signifiait caché ; ce signe était formé d’une demi-circonférence (partie supérieure) au centre de laquelle figurait un point [1]. Pour indiquer les lettres ou les caractères de qualité douteuse, c’est-à-dire qu’ils lisaient mal et qu’ils jugeaient nécessaire dès lors de faire remplacer, les premiers correcteurs empruntèrent aux manuscrits dont ils assumaient la mise au point et la revision typographiques le signe de cruphie ; toutefois, ils déplacèrent légèrement la demi-circonférence dans le sens vertical et ils remplacèrent le point médian par la lettre douteuse.

Suivant les auteurs, le quart de cercle enserrant la lettre figure tantôt à droite, tantôt à gauche et même au-dessous de celle-ci.

Tassis l’indique à gauche :

Larousse, dans le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, donne la figuration suivante :


et sans aucun signe de renvoi.

De l’étude de ce protocole on ne peut, d’ailleurs, tirer la conclusion que le quart de cercle soit l’indication caractéristique du changement d’une lettre gâtée.

Ligne 1 du « folio verso », se trouve, dans la marge de droite, la mention : Lettres ou mots à changer. À l’exactement, il apparaît bien, autant qu’on peut en juger, que les lettres i, m, s à changer sont mauvaises, gâtées ;

  1. Larousse, dans le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, donne la figuration suivante : partie inférieure de la circonférence).