Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/360

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de deux sigles horizontales, dont l’une était inversée , donna naissance au signe actuel des « lettres ou mots à transposer » :

Ainsi, à la lumière des faits, on peut affirmer l’origine commune, la sigle , de trois de nos signes de correction actuels — d’un caractère symbolique certain — qui par leurs formes s’affirment cependant d’essences fort dissemblables.

46. Le protocole de l’Agenda Lefranc offre une particularité que l’on ne rencontre dans aucun autre manuel : le texte renferme un « mot illisible » : ainsi s’exprime l’auteur dans la colonne « Désignation des signes » ; le typographe a composé un mot quelconque (?), « à l’envers et les lettres renversées ». L’auteur s’est borné à entourer ce mot, dans le texte, d’un trait :


et à reporter ce trait dans la marge, en l’accompagnant d’un trait de renvoi simple.

Cette correction est d’usage peu fréquent. Elle eût été, d’ailleurs, dans le cas actuel, incompréhensible, si l’annotation « mot illisible » n’en avait indiqué la signification ; et il est certain que le compositeur non prévenu, retournant les lettres dans leur ordre et leur position normale, eût lors de la correction composé sans hésitation le mot voulu.

Si le correcteur hésite — ce cas doit être exceptionnel — dans la lecture d’un mot, il semble indispensable d’annoter « l’indication d’incertitude », telle que la figure l’Agenda Lefranc, du terme illisible.

Sur la copie, le terme illisible est entouré d’un trait de crayon rouge ou bleu très apparent, destiné à attirer l’attention de l’auteur ; en outre, à la marge l’annotation illisible, ou autre, renseigne l’écrivain.

Sur le plomb, le blanc paraît préférable au mot retourné : le blanc frappe plus vivement l’œil, au milieu de la composition ; tout au moins, il est plus recommandable que le « bloquage », le pied de la lettre marquant sur l’épreuve : cette opération entraîne le plus souvent la mise au rebut des lettres ayant servi au bloquage, car leur œil est égratigné ou écrasé au cours des manipulations nombreuses que subissent les compositions.