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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

de libraires ; ils étaient désignés sous le nom de librarii, à l’exclusion de celui de leur occupation première. La plupart d’entre eux étaient des affranchis ou des étrangers ; ils vendaient pour leur compte personnel les travaux qu’ils avaient minutieusement et longuement transcrits. Peut-être étaient-ils réunis en corporation, à l’exemple des scribes avec lesquels on les confond parfois à tort[1].

Les copistes qui se livraient à la transcription des ouvrages anciens étaient désignés du nom particulier d’antiquarii ; on exigeait d’eux les connaissances spéciales nécessaires pour déchiffrer les vieilles écritures.

D’après une inscription latine, des femmes auraient également exercé la profession de copistes.

Le prix des manuscrits, qui atteignit maintes fois un chiffre élevé, fut l’objet de plaintes nombreuses, et à plusieurs reprises des édits en réglementèrent la vente : à l’époque de Dioclétien, un édit fixa le salaire que les copistes étaient en droit d’exiger, en l’évaluant aux cent lignes. Cependant nombre de ces artisans, réalisant des gains considérables, jouissaient d’une fortune importante et possédaient une grande réputation.

Parmi ces libraires de l’ancienne Rome l’histoire a surtout conservé le souvenir des frères Socio, qui furent les éditeurs d’Horace (65-8 av. J.-C.), et de Pomponius Atticus, l’ami de Cicéron (106-43 av. J.-C.), et le plus grand libraire de l’époque. D’après Cornelius Nepos, ces marchands avaient à leur service un nombre élevé de lecteurs, d’écrivains, de correcteurs, de relieurs, véritable état-major d’artistes avec lesquels ils pouvaient, en un temps relativement court, reproduire un manuscrit à plusieurs milliers d’exemplaires.

Les miniatures du moyen âge permettent de reconstituer l’intérieur des ateliers calligraphiques romains dont, sans doute, le scriptorium conventuel conserva fidèlement nombre de détails caractéristiques : des bancs, quelques tables ou pupitres, un certain nombre d’outils et

  1. Les scribes, chez les Anciens, étaient des officiers subalternes de justice : ils enregistraient les arrêts, les lois, les sentences, les actes, et en donnaient copie ; parfois ils enseignaient le droit à la jeunesse. Suivant les peuples, ils eurent plus ou moins d’influence ou de notoriété et une situation plus ou moins élevée ; ils étaient réunis en corporation, subdivisée en plusieurs catégories. Sous l’empire romain ils sont appelés notarii ; nous les nommons, à notre époque, notaires, huissiers, avocats, agréés, greffiers, avoués, etc.