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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

exerçait ces mêmes fonctions qui devaient, au déclin du xve siècle et au début de la Renaissance, jeter un si vif éclat sur son nom.

II. Les documents ne permettent point de démêler jusque dans leurs détails les progrès plus ou moins réels, les améliorations plus ou moins appréciables apportés à la technique du livre par les générations successives. Sans doute on perfectionna ; mais les principes, les éléments essentiels n’avaient point subi de profondes modifications lorsqu’en l’an 41 après la naissance du Christ Pierre et Paul, apôtres d’une nouvelle doctrine, se rendirent en la capitale des Césars.

Dès les premiers temps de sa prédication le christianisme vit le nombre de ses adeptes augmenter rapidement. Autour des « disciples » se trouvèrent réunis des gens de toutes conditions patriciens, chevaliers, plébéiens, esclaves — et de toutes corporations.

Pour la propagation de la foi nouvelle, pour porter aux églises lointaines les enseignements du Christ, les copistes furent d’une aide indispensable. Les Catacombes offraient aux librarii chrétiens un asile qui fut longtemps inviolé et à l’abri duquel — avec un soin pieux qui n’excluait point, toutefois, de nombreuses erreurs — ceux-ci fixaient sur le papyrus la Bible, les récits des Évangélistes, les lettres des Apôtres, les instructions de l’évêque. Les persécutions n’arrêtèrent point le développement du culte nouveau, non plus que celui de la calligraphie chrétienne. Bientôt aux ouvrages d’Horace, de Cicéron, de Virgile, de Suétone et d’autres non moins illustres, le librarius converti substitua les écrits des docteurs et des Pères. À côté de la littérature païenne une littérature nouvelle surgit.

Parmi les manuscrits du iie et du iiie siècle de l’ère chrétienne qui nous sont parvenus, les exemplaires de l’Ancien et du Nouveau Testament sont fort nombreux : transcrits en grand nombre, ces livres sacrés furent sans doute l’objet de soins particuliers, comme ils devaient l’être aux âges suivants. En l’année 231, lorsque Origène entreprit la revision de l’Ancien Testament, saint Ambroise lui envoya des diacres et des vierges exercés dans l’art de la calligraphie.

Au ive et au ve siècle, alors que l’Empire romain s’affaiblit sous les coups répétés des Barbares, les basiliques et les églises sont parfois déjà — comme elles le furent en notre pays presque jusqu’à la fin du moyen âge — les seuls remparts de la civilisation. Sous les cloîtres, asiles