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E. — Dernières considérations


Enfin, pour solutionner sainement la question qui nous occupe, il est indispensable de ne pas oublier que, dans une Maison quelle qu’elle soit, tous les travaux ne doivent pas être exécutés avec une hâte semblable. Certains correcteurs ont pour ainsi dire la spécialité de faire le travail pressé ; d’autres, le travail qui peut attendre ou, tout au moins, le travail que l’on peut soigner. Dans les deux cas le résultat peut-il être le même, et peut-on de l’examen des épreuves d’auteur tirer une conclusion pour la valeur respective des deux correcteurs ? Est-il possible de toujours faire bien et de toujours faire vite avec un manuscrit difficile ?

Ne peut-on aussi, bien que la chose paraisse secondaire, tenir compte du plus ou moins de tapage qui se fait autour des correcteurs, — des conditions du local où ils travaillent, — des moyens mis à leur disposition plus ou moins parcimonieusement, — et enfin, et surtout, du gâchis des marches toujours et sans cesse remises en question.

Ah ! cette question de la marche à suivre — et du Code typographique, par voie de conséquence — que d’encre elle a fait couler sans résultat ! « D’une imprimerie à une autre existent des divergences de travail aussi déplorables que désastreuses » : chaque Maison s’est créé à elle-même des règles spéciales, radicalement opposées à celles de la « Maison en face » ; et, parfois, en changeant de « boîte », l’auteur se refuse à changer de méthode. Alors, ici et là c’est l’anarchie ; au gré et au caprice du client sont, pour le plus grand dommage de chaque établissement, abandonnées et la typographie et l’orthographe.

De quelle valeur personnelle le correcteur peut-il faire preuve dans ces circonstances ?

    de quelques personnes étrangères à la typographie, j’insisterai sur ce point, dont la gravité fait à l’homme de l’art un devoir de signaler tous les abus. » (A.-T. Breton, Physiologie du Correcteur d’imprimerie, p. 9 ; Paris, 1843.)